16 février 2022
Artistes plasticiens, sculpteurs sur résine, électriciens ou peintres… Ce sont ces petites mains qui permettront à des
centaines de milliers de personnes d’admirer la reproduction de la grotte Cosquer. Un travail de l’ombre titanesque.
Quand on plonge dans les entrailles de la reproduction de la grotte Cosquer, on plonge aussi dans une fourmilière où des travailleurs de pas moins de 30 corps de métiers différents, notamment de l’entreprise AAB (Ateliers Artistiques du Béton), s’échinent à recréer cet environnement unique. De la structure même de la grotte, en passant par les stalactites qui la traversent, jusqu’au dernier détail fait à coups de pinceau, tout doit être similaire à l’original.
C’est d’ailleurs l’objectif d’Anna, jeune sculptrice sur résine qui travaille depuis octobre dernier sur le chantier. « On essaie de reproduire avec exactitude les formations géologiques de la vraie grotte. Le plus dur, c’est de comprendre sa logique », explique-t-elle, alors que ses yeux passent d’une stalagmite à des photos numérotées dans un énorme classeur. « Chaque pilier, stalactite, stalagmite est référencé par des numéros, indiqués sur la carte et l’on se repère avec les photos de la vraie grotte », développe Anna.
La tâche minutieuse qu’elle effectue, arrive après le passage des sculpteurs sur béton, qui ont réalisé le gros oeuvre. « On vient apporter une qualité supérieure aux structures. En fonction de la photo, on va connaître la texture, la forme, la teinte et son aspect », commente-t-elle. Elle note aussi son travail commun avec les géologues qui « aiguillent et conseillent ». Des géologues qui ont un rôle central dans la démarche, si l’on écoute Julien Beaucourt, artiste plasticien, qui vient de passer une demi-journée à réaliser un des piliers rocheux de la grotte : « Ils nous guident sur les interprétations que l’on fait à partir des photos que l’on a. Il faut connecter tout ça d’une manière cohérente. On raisonne d’un point de vue esthétique quand eux vont raisonner d’un point de vue technique. » L’objectif de tous reste « que les visiteurs soient en immersion ».
Plus loin sur le chantier, c’est un homme d’expérience que l’on retrouve : Roger Mattei, chef peintre qui est déjà passé par les reproductions des grottes de Lascaux et de Chauvet. « Celle-là, c’est la dernière », lâche-t-il avec un grand sourire. Lui qui s’occupe de l’ensemble de la peinture de Cosquer est en terrain connu comparé aux autres grandes grottes françaises : « On est dans la même configuration, c’est la même strate géologique. » Mais chacune a sa spécificité, notamment pour les peintures :
« Ce n’est pas le même coup de main, le même graphisme. » Le peintre doit aussi faire face à une difficulté de taille. « On n’a pas de critères de comparaison, car personne autour de nous n’est descendu dans l’original. » C’est donc, comme pour les sculpteurs, à partir d’images de la vraie grotte qu’il travaille. Toujours avec l’objectif d’être identique, ou presque. « On travaille avec des techniques, les images 3D et toutes les nouvelles technologies, qui permettent d’être au plus près de la réalité. »
Il y a aussi des réalisations que l’oeil ne distingue pas, mais qui sont pourtant nécessaires pour que l’expérience soit complète.
Et c’est ce que réalise Raphaël, jeune électricien de 18 ans qui a les mains dans les câbles depuis « presque une année » sur le chantier. « Les gens pensent beaucoup aux formes de la grotte mais il y a toute l’infrastructure derrière. Il faut connecter, câbles par câbles, passer sous les structures de la grotte, pour faire passer l’électricité et la lumière », commente-t-il, pas peu fier du travail fait. Et pour cause, l’ampleur de la tâche est grande: « On a 350 luminaires à faire. » Mais Raphaël ne retient que le positif: « C’est un peu spécial de travailler ici, c’est une chance. »
Article paru dans «La Marseillaise» – Visualiser l’article