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La grotte Cosquer s’ouvre à une vie nouvelle

1 mai 2021

La montée des eaux marseillaises menace les trésors pariétaux de la caverne sous-marine. Avant qu’ils ne disparaissent, la création d’un Cosquer 2, fac-similé de 1700 m², a été confiée à des artistes dont les reproductions intemporelles seront visibles à l’été 2022.
Nous sommes partis à leur rencontre au cœur de leurs ateliers.

En 31000 avant notre ère, le rivage de la Méditerranée se situait à six kilomètres de l’entrée de la grotte Cosquer.
Des humains en ont alors orné les parois d’énigmatiques mains rouges. Le site devait exercer un certain pouvoir d’attraction, puisque, près de 500 générations plus tard, il y a dix-neuf mille ans, d’autres artistes ont dessiné au même
endroit des chevaux, des aurochs, des cervidés, mais aussi des animaux plus rarement mis en scène dans l’art préhistorique, notamment des pingouins et des méduses. Ces représentations ont aujourd’hui les pieds dans l’eau
en raison de la montée du niveau de la mer. Quiconque souhaite se retrouver en face de ces œuvres doit plonger
par 37 mètres de fond et parcourir un tunnel immergé de 175 mètres de longueur pour atteindre deux salles encore
miraculeusement exondées.
Le préhistorien Jean Gottes, qui a effectué 24 plongées à Cosquer, demeure toujours aussi émerveillé par les lieux : « 177 représentations d’animaux ont été trouvées alors qu’un quart de la grotte seulement est préservé !
Ça laisse songeur quant à l’ampleur du bestiaire que les humains préhistoriques avaient initialement dessiné ici.
C’est une grotte très importante ! Je l’ai étudiée, avec Jean Courtin et Luc Vanrell » (Cosquer redécouvert, 2005, Seuil).
En plus des 11 espèces animales dépeintes, 65 mains et plus de 200 signes géométriques ont été tracés.
Les artistes ont utilisé des techniques picturales variées : gravure, peinture, mais aussi projection de pigments afin de créer des mains négatives au pochoir. La scénographie est maîtrisée, comme le souligne le pré historien et réalisateur Marc Azéma :
« Ces images étaient mises en scène par la disposition sur les parois, par les jeux de lumière, par l’aménagement
des éléments naturels. » Résultat? Des animaux étranges s’ébattent dans un théâtre de stalactites pour une féerie
inoubliable. Devant une telle richesse, vouée à disparaître à cause de l’inéluctable montée des eaux consécutive »

La création de la réplique de la grotte Chauvet, en 2015, fut une expérience propice à l’invention de méthodes innovantes. Elles sont aujourd’hui réutilisées à Cosquer par la même équipe de spécialistes dont la renommée est
désormais mondiale.
L’Atelier Artistique du Béton, sis à Mormant, en Seine-et-Marne, réalise la matrice principale : sur des cages d’acier, du mortier paysager est projeté pour créer la géologie primaire de la grotte. Parallèlement à ce modelage, il faut recréer les stalactites, les stalagmites et autres concrétion.

Article paru dans “Historia” écrit par Jennifer KernerTélécharger l’article